Foolish Bride, Naive Bridegroom
Bun-de est la coqueluche des filles du quartier, si bien que son père le claquemure à la maison. Mais Gui-zu est prête à tout pour le conquérir et l'arracher aux griffes paternelles.
Film restauré en 2019 par le Taiwan Film and Audiovisual Institute à partir du négatif original 35 mm et d'une copie d'exploitation d'époque. Cette restauration a été menée dans le cadre du Taiwan Film Classics Digital Restoration and Value-Adding Project, initié par le ministère de la Culture de Taiwan. Remerciements au Taiwan Film and Audiovisual Institute (RayJay Lee), au Bureau français de Taipei (Nicolas Rouilleault) et au Centre culturel de Taïwan à Paris.
1968 : alors que le monde entier semble emporté par les révolutions, qu'elles soient culturelle ou sexuelle, le gouvernement nationaliste chinois à Taïwan, en réaction à la Révolution culturelle en Chine populaire, lance le mouvement de « Renaissance culturelle » qui remet au goût du jour le confucianisme, la tradition, le dévouement à la nation.
Le cinéma officiel en mandarin, déjà engoncé dans des narrations à la gloire du gouvernement, dessine alors – dans des films produits par le studio national – le portrait d'une jeunesse à sa convenance, obéissante à ses parents, mue par son devoir de développer le pays.
De son côté, le cinéma indépendant en langue taïwanaise se permet de multiplier les pieds de nez envers cette atmosphère étouffante : le pays sous loi martiale connaissait encore un couvre-feu strict, limitait les lieux de rencontre festifs et vivait à l'ombre de la police militaire. Avec cette comédie loufoque, Hsin Chi dynamite à sa manière ce retour de la tradition en prenant résolument le parti de la jeunesse et de l'amour. Il va jusqu'à inverser les représentations de genre : le héros est enfermé comme une jeune fille par son père, lui-même caricature de la veuve éplorée. À l'opposée, son amoureuse, Gui-zu, est libre de ses mouvements et d'exprimer directement ses désirs, tandis que sa mère fait montre d'un sacré caractère. En 1968, dictature ou pas, Confucius ou pas, rien n'empêche la jeunesse de s'aimer, même s'il faut en venir aux mains !
Wafa Ghermani
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