Films de Paul Nadar
Montage de films attribués à Paul Nadar : Danses slaves, Danses russes, Les Deux gosses, Nadar pratiquant l'escrime, Nadar lisant L'Écho de Paris à la terrasse d'un café, Mademoiselle Zambelli de l'Opéra, Danse du papillon, Scène du rêve, Rue Royale, Place de la Concorde.
Les deux ensembles composant ce montage ont été restaurés par la Cinémathèque française : en 2013, aux laboratoires Éclair en 2K à partir de négatifs et copies d'époque issus de la collection Auboin-Vermorel déposés en 2011, et en 2014 aux laboratoires CinéNova en 4K à partir de copies originales et d'un contretype de sécurité réalisé par la Cinémathèque française dans les années 1960.
Voici un remarquable corpus de films des premiers temps, réalisés à partir de septembre 1896 par un illustre photographe : Paul Armand Tournachon, dit Paul Nadar (1856-1939), fils du célèbre Nadar. Les films originaux de Paul Nadar et deux de ses caméras ont été acquis auprès de sa veuve par la Cinémathèque française le 7 février 1950. Ce fonds a pu ensuite être complété récemment par d'autres découvertes, notamment dans la collection d'Olivier Auboin-Vermorel. Le fils Nadar utilisait en 1896 deux types de caméras pour réaliser ses films. L'une de ces caméras utilisait du film négatif 58 mm non perforé, mais aucun des films en ce format n'a semble-t-il été sauvegardé. La deuxième caméra utilisait du film en format 35 mm, mais non perforé également. Pour entraîner la pellicule 35 mm, Nadar avait conçu un rouleau débiteur intermittent pourvu de petites pointes, qui laissait de petits trous sur le film après l'impression. Évidemment, une telle technique ne donnait pas entièrement satisfaction ! Parmi les films négatifs retrouvés, certains comportent encore des traces de pointes sur les manchettes. Cet appareil 35 mm, qui pouvait aussi servir de projecteur, a fonctionné devant les membres du conseil d'administration du Musée Grévin, le 12 mai 1897. Nadar devait alors succéder à Émile Reynaud et son Théâtre optique. Mais le résultat des projections n'enthousiasma aucun membre du conseil : « Le bruit des engrenages rend l'appareil de projection absolument impraticable » (compte-rendu du conseil d'administration du Musée Grévin, 17 mai 1897). Nadar fils abandonna alors sa caméra 35 mm et acheta un appareil à film Edison standard, et réalisa encore quelques bandes. Puis cet ensemble tomba dans l'oubli. On y trouve pourtant quelques merveilles : les danses slaves des sœurs Rappo du théâtre de l'Alhambra, une adaptation des Deux gosses de Pierre Decourcelle, Nadar lui-même en escrimeur, et la célèbre danseuse Zambelli...
Laurent Mannoni
Pour plus d'informations sur les deux caméras (58 et 35 mm) évoquées :