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Viva Varda !

A Visual History with Agnès Varda

AMPAS
États-Unis / 2017 / 2:18:01 / Sous-titres anglais (English subtitles in option)
Avec Agnès Varda, Manouchka Kelly Labouba.

Agnès Varda se raconte à l'occasion de la remise de son Oscar d'honneur en 2017 : de son enfance et ses premières influences à sa vie avec Jacques Demy, et bien évidemment, sa vie d'images, son parcours artistique unique de photographe, cinéaste, et artiste plasticienne.

Agnès Varda shares her career and life story on the eve of receiving her Honorary Oscar in 2017: from her childhood and early influences to her life with Jacques Demy, and of course a lifetime of images, her unique artistic journey as a photographer, filmmaker and visual artist.

Entretien réalisé en français par la chercheuse Manouchka Kelly Labouba au Pickford Center à Los Angeles le 9 novembre 2017, pour le programme d'histoire visuelle de l'Academy Museum of Motion Pictures. Remerciements à l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences (AMPAS) – Oral History Project et à Guillaume Boure. Agnes Varda Visual History courtesy of Academy of Motion Picture Arts & Sciences © 2017 AMPAS


11 novembre 2017, le temps est sec et doux. C'est une soirée d'automne ordinaire à Los Angeles... Ordinaire, ou presque. Sur la scène du légendaire Ray Dolby Ballroom, une petite dame de 89 ans fait valser sa coupe au bol Mont Fuji en duo avec l'une des vedettes et égéries de marque les plus célèbres et mieux payées de Hollywood. Nous sommes à la très sélective cérémonie non-télévisée des Governors Awards. Ce petit moment de légèreté, entre maladresses et élégance, vient célébrer la détermination, la vivacité d'esprit, le travail colossal et protéiforme de la « dinosaure de la Nouvelle Vague », comme elle se surnommait elle-même. Agnès Varda – aux côtés de Charles Burnett, Donald Sutherland et Owen Roizman –, vient d'être récompensée de l'Oscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière. À ce jour, Agnès Varda reste la seule femme à compter dans son palmarès un César d'honneur (2001), une Palme d'honneur (2015) ainsi que l'Oscar d'honneur ; parmi plusieurs autres récompenses prestigieuses dans les domaines du cinéma, de la photographie et des arts visuels.

L'autorité et la légitimité de ces trois institutions, qui façonnent depuis plusieurs décennies un certain canon cinématographique, sont de plus en plus remises en cause. Les critiques se focalisent notamment sur le manque de diversité au sein des membres et jurys représentatifs, ainsi que sur le décalage des œuvres primées par rapport aux réalités démographiques de nos sociétés et la pluralité des expériences qui en émergent. Dans le sillage de mouvements sociaux et politiques devenus globaux tels que #MeToo ou Black Lives Matter, les nouveaux mots d'ordre sont « diversité », « équité », « inclusion ». Depuis plusieurs années, une batterie d'initiatives et de réformes est mise en tension dans plusieurs organisations professionnelles et festivals internationaux. L'ambition est d'amplifier le faisceau de ces phares, d'exposer les territoires invisibilisés du cinéma passé et à venir, et d'éclairer ses aspérités et ses trous de mémoire.

Entre 1989 et 2012, l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences (AMPAS) – plus communément appelée Académie des Oscars –, établit l'Oral History Department. À travers l'acquisition et la transcription d'entretiens audios de professionnels du cinéma pour la Margaret Herrick Library, cet organe est chargé de la collecte, de la migration, de l'agrégation, de la conservation et de la valorisation de témoignages de figures, parfois oubliées, remontant jusqu'aux pionniers du cinéma muet. Depuis 2012, le Visual History Program du même département de l'AMPAS complète ce fonds de centaines d'entretiens vidéos. L'AMPAS travaille activement à la mise en ligne de l'ensemble de ces longs entretiens issus de ses collections. L'intégralité des collections est consultable à l'Academy Film Archive et de nombreux extraits sont diffusés dans les multiples salles d'exposition de l'Academy Museum of Motion Pictures à Los Angeles.

L'approche et la méthodologie de ces entretiens vidéo fleuves empruntent volontairement des outils issus de l'histoire culturelle, voire de l'anthropologie, plutôt que du journalisme. La part de subjectivité de la personnalité interviewée, mais également de la personne menant l'entretien, est assumée. La pratique de l'histoire orale revendique un équilibre entre vérité factuelle et respect de l'interprétation des événements et de l'expérience personnelle des personnes interviewées, avec tous les oublis, les omissions volontaires et les lapsus qu'elle implique. Ces échanges ne se limitent pas à recueillir la parole des figures incontournables de l'industrie du cinéma. La voix est aussi donnée aux professionnels du secteur minorisés ou absents du canon académique du cinéma.

Plusieurs chemins mènent à une invitation à déposer son témoignage à l'AMPAS. L'un des plus longs consiste à passer par la grande porte des Governors Award. Agnès Varda a arpenté tant de chemins, et consacré très tôt sa carrière à donner la parole aux contre-cultures, aux personnes marginalisées, aux invisibles et aux minorités. Avec ou sans Oscar d'Honneur, c'est un juste retour des choses que son propre témoignage trouve sa place au sein de ce Panthéon hollywoodien inclusif.

Guillaume Boure


Pour aller plus loin :

  • À propos de l'histoire orale et visuelle à l'AMPAS : la mission de l'Academy Oral History Projects est d'acquérir, d'enregistrer, de conserver et de faciliter l'accès à des récits personnels et informés qui témoignent de l'histoire et des évolutions de l'art, de la science et des techniques de l'industrie cinématographique. https://www.oscars.org/oral-history
  • Agnès Varda danse avec Angelina Jolie lors de la remise de son Oscar d'honneur à la cérémonie des Governors Awards 2017 : https://www.youtube.com/watch?v=N5vFXOqNCso