Christmas Carole
Deux garçons et une fille sans argent, au moment des fêtes de Noël 1966, contestent la société de consommation. Leurs amours, leurs histoires.
Two young men and a young woman, without money, during the Christmas holidays of 1966, challenge consumer society. Their romances, their stories.
Dix minutes de ce projet abandonné ont été tournées fin 1966 sur pellicule 35 mm couleur au format panoramique 1,66:1. Ces essais ont été restaurés par Ciné-Tamaris en 2021 avec l'aimable concours du laboratoire L'Image retrouvée / Éclair Classics. La restauration 4K des images a été réalisée à partir d'un scan du négatif original. Remerciements à Rosalie Varda et Ciné-Tamaris.
Christmas Carol. Ou plutôt Carole, car c'était le nom de cette très jeune fille faisant ses premières armes en 1965-1966 dans un domaine réservé aux hommes, avant que Claire Bretécher y entre et y fasse merveille : le dessin humoristique. Avec ses deux copains, ils gagnaient leur vie en peignant des décors « pèredenoélleux » sur les baies vitrées des brasseries. Pour l'un des deux, je cherchais ce qu'on appelait un beatnik. Élizabeth Guy (celle-là même qui devint sa femme ensuite) m'envoya Gérard Depardieu. Il avait 18/19 ans et un air somptueux de révolte.
Christmas Carole témoignait du ras-le-bol qui couvait déjà chez les jeunes. Refusé à l'avance sur recettes, je décidai d'en tourner une séquence ou deux pour appâter un producteur.
Nous voilà tournant des plans vers Montparnasse. On a aussi tourné vers le boulevard Haussmann, devant les vitrines pleines à craquer des grands magasins et les lumières de Noël. Igor y dénonçait la consommation excessive en faisant la manche.
La voix de Depardieu avait déjà des inflexions magnifiques. Et son courage ne faiblissait jamais, c'est lui qui portait le pied et même la caméra parfois, surtout quand on a fait des raccords d'ambiance rue de la Gaîté.Il ne reste de tout cela que quelques photos, quatre à cinq minutes de film qu'à l'époque je ne réussis même pas à caser.
Agnès Varda (1994)