L'Assommoir
Gervaise Macquart, Provençale originaire de Plassans, rejoint son amant Auguste Lantier à Paris. Très vite, Lantier la quitte et s'enfuit avec Virginie. Les deux femmes se battent violemment au lavoir. Quelques mois après, Coupeau, ami de toujours, propose à Gervaise de l'épouser.
En 2008, la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé retrouvait dans une collection de 90 films forains (le fonds Morieux) une copie de L'Assommoir, un film jusqu'alors considéré comme disparu. En 2013, d'après cet élément unique, elle a entrepris une restauration 2K du film au laboratoire Gaumont Pathé Archives. Remerciements à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé.
« Capellani partageait avec Raoul Walsh le sens du grouillement de la vie à l'écran. Regardez justement L'Assommoir et Régénération. Je pense à cette belle citation de Lu Xun dans sa préface à la première édition des Herbes sauvages, que la poésie, l'art, naissent dans le caniveau. Grouillement de la vie, mouvement des foules qui envahissent le cadre, plein comme déjà peut-être chez DeMille. » (Pierre Rissient)
L'Assommoir, tourné pendant l'hiver 1908, fait figure d'exception à sa sortie : c'est l'un des premiers longs métrages du cinéma. Le film mesure 750 mètres quand le métrage moyen des films oscille entre 100 et 350 mètres. On suppose la confiance que ses producteurs accordaient à Albert Capellani pour se lancer dans une telle aventure. Le succès fut énorme et le but atteint : en adaptant, non pas le roman de Zola, mais la pièce à succès de William Busnach et Oscar Gastineau, la SCAGL visait un public de boulevard que Capellani connaissait bien pour avoir œuvré dans différents théâtres, notamment à l'Ambigu, dont le public était précisément celui des Grands Boulevards. Cette volonté de se calquer sur la dramaturgie théâtrale fut d'ailleurs soulignée par la presse : « La faveur du public est allée à des adaptations qui lui procuraient (enfin !) les émotions, le rire et les larmes qu'on ne trouvait jusque-là qu'au théâtre. Le cinéma est devenu ainsi, et d'emblée, le véritable théâtre du peuple, accessible à tout heure, dans tous endroits et à toutes les bourses. » (Ciné-Journal, n° 56, 13-19 septembre 1909)
Un siècle après sa sortie, la redécouverte de L'Assommoir, grâce à une copie unique du fonds Morieux conservé par la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, a permis de comprendre la révolution que les novations narratrices de Capellani apportaient au cinéma.
Dominique Moustacchi et Stéphanie Salmon
Lire l'article complet dont ce texte est adapté sur le site de la revue 1895 : journals.openedition.org/1895/4751