Le Théâtre des matières
Dorothée, qui travaille dans une agence de voyages, rêve d'un autre monde : le théâtre. Après un évanouissement impromptu, elle se fait remarquer par Hermann, le directeur du Théâtre des matières, qui lui fait miroiter le rôle de Catherine de Médicis dans Marie Stuart de Schiller. Dorothée se met à répéter avec acharnement.
Une restauration numérique a été réalisée en 2013 par la Cinémathèque française à partir du négatif original image et son. Les travaux ont été menés au laboratoire Digimage. Remerciements à Weimar.
« Le réalisme c'est d'abord cela : conférer une dignité filmique à ce qui n'en a pas, hasarder une image là où il n'y a rien. » (Serge Daney à propos du Théâtre des matières)
Le Théâtre des matières est le premier long métrage de Jean-Claude Biette. Il fait suite à quelques courts, dont certains réalisés en Italie où, après avoir fui le service militaire et au passage quitté les Cahiers du cinéma, Biette avait vécu en collaborateur proche de Pier Paolo Pasolini, d'abord professeur de français puis assistant du réalisateur italien. Biette rentre en France en 1969 : à une époque tiraillée entre les dogmes politiques succédera progressivement un nouveau cinéma. Ce seront les films de Jean Eustache, Marguerite Duras, Adolfo Arrieta, et la découverte de Femmes femmes (1974) de Paul Vecchiali.
Biette rejoint le cercle de Vecchiali au moment où celui-ci fonde, en 1976, la maison de production Diagonale. Leur optique est de tourner des films alliant professionnalisme, réduction des coûts et un certain goût pour la liberté. De sorte que l'on retrouve le même groupe d'amis de film en film, chacun se proposant de changer de rôle (au sens large) selon les besoins. Le Théâtre des matières et La Machine sont ainsi les deux premiers films produits par Diagonale, et si l'on note parfois une sensibilité similaire entre les films, cela n'empêchera pas les cinéastes de se démarquer nettement les uns des autres. Qu'ils soient acteurs principaux, costumiers ou simples figurants, on découvre au générique du Théâtre des matières les noms de ceux qui constituaient déjà le petit univers pré-Diagonale : Howard Vernon, Sonia Saviange, Jean-Christophe Bouvet et sa maman Paulette, Marcel Gassouk, Michel Delahaye, Noël Simsolo..., mais aussi les réalisateurs Jean-Claude Guiguet, Gérard Frot-Coutaz, Guy Gilles et le directeur de la photographie Georges Strouvé. Le Théâtre des matières est sorti en salles précédé de Toute révolution est un coup de dés de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet.
Vincent Poli