Jacques Rozier

Paparazzi

Jacques Rozier
France / 1963 / 22:16 / Sous-titres anglais (English subtitles in option)
Avec Brigitte Bardot, Jean-Luc Godard, Fritz Lang, Jack Palance, Michel Piccoli.

Sur le tournage du Mépris de Jean-Luc Godard, Brigitte Bardot doit affronter l'objectif des paparazzi omniprésents.

On the set of Jean-Luc Godard's Contempt, Brigitte Bardot faces the omnipresent paparazzi.

Restauré en 2017 en 2K par Jacques Rozier et la Cinémathèque française, au laboratoire Hiventy, avec le soutien du CNC, de la Cinémathèque suisse, de l'Institut audiovisuel de Monaco et d'Extérieur nuit.


Jean-Luc Godard avait fait la connaissance de Jacques Rozier en découvrant son film Blue jeans en 1958, cinq ans avant le tournage du Mépris. L'amitié entre les deux hommes et leur engagement dans la Nouvelle Vague encouragent Rozier à lui proposer de filmer le tournage de son prochain film. Le Mépris est particulièrement attendu : deux figures opposées du cinéma se rencontrent, la star incontournable du cinéma français et le jeune réalisateur de la Nouvelle Vague. Godard présente Bardot à Rozier. Celui-ci découvre les nombreux photographes qui poursuivent la star, ces « paparazzi », mot inventé par Federico Fellini et inconnu en France. Il comprend qu'il tient là un sujet original, qui correspond à ses préoccupations artistiques : filmer les gens comme ils se présentent, naturellement fantaisistes... Il retrouve Godard en Italie, BB et ses paparazzi. Rozier se veut discret. Il demande cependant à Brigitte Bardot de se mettre en scène. Il fera de même avec les photographes. Sur la base d'une reconstitution documentaire (le film commence par la rencontre à Capri de Brigitte Bardot et de Jean-Luc Godard), Rozier propose très vite de façon très personnelle et fictionnelle, par un jeu de champs-contrechamps, une conversation entre BB et les trois photographes. Sa mise en scène et le montage particulièrement dynamique offrent un film d'une modernité toujours d'actualité. Il filme Bardot de très près et de très loin, insère des couvertures de journaux qui défilent à toute allure, les initiales « BB » occupent soudain l'entièreté de l'écran, avec un impact visuel très fort. La bande sonore entretient cette vivacité : des bruits et des mots interviennent brutalement, la musique rythme les plans du film et donne la cadence. Rozier avait demandé à Antoine Duhamel de composer la musique avant le montage définitif. Ainsi, le cinéaste monte ces plans représentant les couvertures de journaux en fonction des changements de la partition. Montrer Paparazzi, c'est rappeler l'importance du cinéma de Jacques Rozier, sa façon unique de filmer, de monter et de raconter des histoires.

Hervé Pichard

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