La Fabbrica del Duomo
Le bureau technique pour la rénovation de la cathédrale de Milan – le Duomo – montre à la caméra les trésors du lieu et les projets pour les façades de l'édifice.
Film restauré par CIAN (Archivio nazionale cinema d'impresa, Ivrea). Remerciements à la Fondazione Centro sperimentale di cinematografia – Cineteca nazionale (Rome) et à Sergio Toffetti.
« Alors vous pensez que tous les gens sont corrompus », demande le jeune communiste Horst Buchholz au manager de Coca-Cola à Berlin, James Cagney, dans One, Two, Three de Billy Wilder. Et lui de répondre sans détour : « Je ne sais pas, je ne les connais pas tous ». Nous sommes en 1961, Dino Risi tourne Le Fanfaron, et il s'est certainement reconnu dans ce cynisme amusé qui caractérise aussi ses antihéros : de la Marche sur Rome à Il Gaucho, de Play-Boy Party à Au nom du peuple italien. Mais Risi a une face cachée qui émerge, parfois, dans ses films plus sombres, comme L'Inassouvie, ou dans des scènes « vides », lorsque Gassman ou Tognazzi cessent de parler ; c'est alors directement Risi, l'auteur, qui coule un regard sur le monde, passant d'élégiaques panoramas sur le paysage lombard à une sorte de désenchantement ému, comme dans les yeux aveugles de Vittorio Gassman dans Parfum de femme. Dans ses premiers documentaires, Dino Risi regarde le monde qui l'entoure avec ces yeux-là. C'est un regard plus froid, plus « documentaire », plus directement impliqué dans la contemplation intellectuelle de la réalité. De fait, le documentaire – même s'il ne représente qu'une brève saison initiale (après ses débuts dans la fiction avec Vacanze col gangster en 1952, il n'y retournera jamais) – n'est pas seulement la première étape, à l'époque presque obligatoire, d'un apprentissage du métier : il reste présent dans son « grand cinéma » comme une sorte de morale du regard en contrepoint à l'histoire. De plus, si Rome est une constante de son cinéma tardif, Milan est le véritable protagoniste de ses documentaires.
Dans La Fabbrica del Duomo, Risi suit le parcours du marbre – qui, six cents ans après sa construction, continue d'être nécessaire pour parachever ou maintenir le symbole de Milan (ce n'est pas un hasard si en dialecte milanais l'expression « longh cume la fabrica del Dòmm » exprime quelque chose qui prend un temps exagérément long) – et s'attarde sur le travail nécessaire pour transformer le matériau en art, grâce au travail des ouvriers, des sculpteurs, des tailleurs de pierre et des décorateurs.
Sergio Toffetti