J'ai huit ans
À partir de leurs dessins, des enfants algériens parlent de leur expérience de la guerre. Projeté clandestinement, saisi dix-sept fois et censuré pendant douze ans, un film majeur sur la guerre d'Algérie.
Film numérisé par la Cinémathèque de Toulouse à partir d'une copie 35 mm issue de ses collections. Remerciements à Yuna Le Masson.
Caméraman sur le tournage d'un film de Robert Hossein dont elle était assistante à la réalisation, j'ai rencontré Olga Poliakoff, dont les trois sœurs, Marina Vlady, Hélène Vallier, Odile Versois, étaient les comédiennes principales. Nous nous sommes mariés un peu plus tard. Pour nous, il s'agissait aussi de se battre cinématographiquement. Avec Olga, nous avons ainsi coréalisé J'ai huit ans, mon premier film militant, sur une idée de René Vautier. À partir de dessins d'enfants algériens réfugiés en Tunisie, le film visait à faire entrer le spectateur dans l'univers traumatisé de ces gosses, faisant rimer atrocement le mot « France » avec les mots « tuer », « brûler » ou « torturer ». La partie de ce film correspondant aux prises de vues réelles a été tournée en Tunisie par René Vautier et moi-même. En cours de réalisation, une seconde série de dessins furent réunis et les témoignages des enfants enregistrés par Olga à la frontière algéro-tunisienne. Le montage fut mené en collaboration avec Jacqueline Meppiel. Sa première projection eut lieu à Paris le 10 février 1962, sans précautions, sans autorisation, sans faux-fuyants, pour une cinquantaine de personnes. Ce même jour, les salles d'exclusivité affichaient Jules et Jim, Don Camillo Monseigneur, Vie privée, Adorable menteuse, Diamants sur canapé et Milliardaire pour un jour. L'avant-veille, c'était Charonne. Parrainé par le Comité Maurice Audin, le film circula ensuite clandestinement dans toute la France, par dizaines de copies, et fut vu par des dizaines de milliers de personnes alors que l'OAS plastiquait à Paris comme à Alger.
Yann Le Masson
Consulter l'inventaire du fonds d'archives Yann Le Masson conservé par la Cinémathèque de Toulouse : www.lacinemathequedetoulouse.com/collections/fonds-archives/21?alphaTitle=U
Les films de Yann Le Masson ont été réunis dans le coffret DVD « Kashima Paradise : Le cinéma de Yann Le Masson » (éditions Montparnasse, 2011) : www.editionsmontparnasse.fr/p1371/Kashima-Paradise-le-cinema-de-Yann-Le-Masson-DVD